
Saturday Afternoon Fever
par lukevictor, le dimanche 14 décembre 2014 | 18:21
On est vraiment peu de choses.
Cela faisait plusieurs jours hier que je trainais ma vieille carcasse de fin de trentaine courbatue, voix cassée, gorge enflée, bronches en feux, savate aux pieds. Je glandais en pyjama trainant ma sale grippe dans toutes les pièces de la maison car dehors, le temps était à la flotte et aux bourrasques (haaaa le Maroc l'hiver!)
Hier après-midi donc, alors que je tentais de dégager mon esprit brumeux de cette grippe de cheval qui me cloue au lit, j'ai eu (divine intuition) l'idée d'allumer TV5 Monde (ce que je ne fais jamais car qui regarde TV5 Monde dans ce monde de brut?) mais bon, dans l'état qui était le mien hier, j'étais prêt à tout pour aller mieux et là... Nantes-Bordeaux. Ce fut comme l'effet d'une piqure dans la fesse d'un cycliste est-allemand. Saturday Afternoon Fever dans mon salon (sans la boule à facettes). Debout sur le canapé à pousser des cris éraillés, mon épouse a pu enfin entendre ma douce voix de quand j'étais ado boutonneux. Comment est ce que ma femme peut s'en sortir avec un mari à l'agonie toute la nuit et une partie de la matinée et qu'elle retrouve littéralement en train de se la donner "Stayin' aliiiiiive!" devant un match de foot. Car la téloche n'était pas allumé depuis 3 minutes que... Veretout quoi.
Bon, je m'en suis vite retourné à mon agonie et ma couverture chauffante 5 minutes plus tard. A coup de ballon que l'on rend, de contrôle que l'on foire (Djilobodji) et de centre que l'on détourne. Bing. J'ai repris un p'tit coup de température. Quinte de toux en rafales, extrême fébrilité, sueurs froides: je revivais avec un mimétisme parfait la première mi-temps de mon équipe.
Il fallait que je me repose.
Et si il y a une chose qui est bien faite dans la vie, c'est que TV5 Monde propose pour les gens qui sont malades comme moi (et j'entends par là, malade dans tous les sens du terme) la retransmission un samedi après-midi d'un improbable match de foot du non moins improbable championnat de Ligue1 (lequel est à la notion d'entertainment ce que les soirées de Rabat, capitale du Royaume du Maroc, sont comparées aux nuits de Las Vegas) avec commentaire de Didier Roustan. Bon, à ce point là du post, il faut quand même que je définisse Didier Roustan pour le supporter qui n'a pas connu le "A vous Cognac-Jay!", le pull-over acrylique ou le résumé tremblotant du Téléfoot dominical pré-Christian Jeanpierre. Roustan c'est le gars qui commente en toute décontraction ce match là...
C'est aussi un gars qui a été à l'origine du premier syndicat mondial de footballeur pro. Pour l'occasion, il s'était acoquiné de stakhanovistes de l'idéologie socialiste: Diego Maradona et Eric Cantona. C'est le gars, qui porte toujours sur les chaines de la TNT des maillots de foot vintage et, autant le dire, un mec qui m'inspire une chouette sympathie. Ce gars là sent bon la vignette Panini (pas le sandwich) et le public debout dans un une tribune en bois. Et entendre la voix de Didier Roustan, quand on est malade, courbatu-fiévreux-à la ramasse totale, c'est se faire un shot de nostalgie salvateur et se remettre la jauge au max' quand on taraude un peu à sec (mais j'me comprends). Ecouter Didier Roustan commenter un match, c'est comme voir un match de foot avec un pote qui s'y connait vachement, qui ne serait pas bourré et qui ne se prendrait pas la tête pour une frappe instantanée de 50m en sortie de dribble et en pleine lucarne (parce qu'il en a vu d'autres Didier Roustan). Et je dois bien l'admettre, je me suis revu enfant, en pyjama (encore!!!... vous allez finir par croire que je ne porte que ça), assis devant le téléviseur Téléfunken de mes parents qui défonçait les yeux (et je vous précise que c'est bien le téléviseur qui défonce les yeux. Pas mes parents), à revoir un bon vieux Téléfoot des années 80', présenté par Michel Denisot (et oui!).
Alors l'entendre, ce vieux Didier, me parler des contrôles ratés de Nkoudou, Cissokho, Alhadhur, des courses de poulets sans tête de GK Nkoudou (pire nantais contre Bordeaux), des centres sans queue mais surtout sans tête de Bessat ou de la naïveté et de l'inexpérience du gardien bordelais, c'était du pain béni pour moi dont la forme déclinait à vue d'oeil. Au final, c'est Nantes qui l'emporte dans un match que j'ai trouvé très moyen car quand 2 buts sur 3 sont inscrits contre leur camp, on ne peut pas dire que ce soit Jogo Bonito... mais plutôt Jug Maldito. Comme dans mon enfance, Didier Roustan donnait une voix à tout ce que je voyais, et moi, j'étais d'accord avec tout ce qu'il disait. Comme quoi, on reconnait toujours la voix de son maitre.
Pour le reste Nantes l'a emporté.
Portez vous bien...
Quant à moi, un suppo, une tisane et au lit.