Pour la 37ème journée, le FC Nantes recevait l'AS St Etienne pour un match qui sentait bon la naphtaline, le Miroir du Football et le sous-pull acrylique. On s'attendait à voir le Stade Marcel Saupin plein à ras bord, mais c'est la Beaujoire-Louis Fonteneau qui prenait des allures de grotte de Lascaud, pour un véritable bond dans le passé. Je vous parle ici d'un temps que les U2.0 (les moins de 20 ans) ne peuvent pas connaitre, une époque où les jaunes et les verts règnaient sur le football français à coup de jeu léché et de chaudron incandescent. Un coup d'oeil au trombinoscope des 2 équipes et les seuls noms chantants étaient ceux de Baronchelli (sur le banc en survêtement) et de Rocheteau (en tribune et col blanc). Mais où sont passé les Johnny Rep et Loic Amisse de mes albums Panini? Au lieu de cela, on trouve dans les deux camps des "romantiques" comme Vizcarrondo et Bayal Sall, un pur-sang roumain (Nicolita) et des magiciens sud-américains en réserve (Brandao et Aristeguieta). Voilà qui annonçait pour ce 10 mai "un Nouveau Printemps des Poètes".
De tifos en animations plutôt chouette, le match démarrait et Nantes plantait la première banderille. Sur un joli décalage initié par Gakpé, Veretout trouvait le poteau puis centrait pour Shechter qui tentait l'impossible sur la ligne de but. A savoir, comment ne pas marqué quand on doit marquer, quand on peut marquer et quand tout le monde s'attend à ce que l'on marque. Mais de marque à manque, il n'y a qu'une lettre de différence et à défaut de se donner de l'R, Shechter attisera la N de certains. Mais ne te lamente pas Itay, je ne t'en veux point, ni poing.
Les stéphanois font quant à eux dans le réalisme et dans la "leçon de chose" qui dit que quand le fruit et vert on ne le cueille pas mais quand le citron est jaune, il est bon à presser. Et c'est Erding, dont on oublie que nous aurions bien aimé l'avoir au club en début de saison, qui s'imposait de la tête et à la barbe d'une défense spécialiste du marquage X-Large pour un 0-1 qui fait tâche (10è). Aux Canaris de mettre un zeste de folie, Nicolita mettait deux fois dans la boite mais les verts ne cassent pas, ni s'émiettent, ni se rayent et Ruffier plantait le panneau "Baraka!" pour mettre en corner. Pleurez nantais, ce soir j'ai la patate! Et comme nos petits jaunes sont des gars bien, ils laissaient leur invité du soir leur refaire la décoration de la défense. Erding partait de son camp et jouait les derviches tourneurs dans une défense jaune pâle, où Djidji lui faisait tâter du gazon pour un péno des plus réglo que Gradel transformait (0-2, 23è). Difficile pour Koffi de tenir la comparaison avec Papy. Disons que l'un tient plus du loup et l'autre de l'agneau, ce qui se tient au niveau patronymique car de Djidi à Djilobodji il n'y a que "lobo" (le loup en espagnol). Fin de la démonstration!
Ou plutôt, non! Les verts n'étant pas du genre à en laisser dans leur assiette, ils faisaient circuler la balle, la remontant tranquillement vers la surface nantaise où Erding, en pleine réussite, climatisait d'un coup les chaudes tribunes nantaises, en enroulant un amour de balle lobant Riou et rinçant lucarne. "Vous voulez quelle sauce avec votre kebab?"… et tout ça avec le sourire. Elle a du être longue la pause citron.
La deuxième mi-temps n'était qu'un remake de l'attaque-défense de notre enfance, quand notre très grand-frère nous baladait balle aux pieds, sur le bitume devant la maison, nous laissant ruminer notre frustration d'être né 4 plus tard (...4 ans de L2). Shechter faisait danser le twist à Bayal seulement pour voir Ruffier sortir la balle du cadre. Corgnet détournait ensuite un coup franc de Gakpé sur le poteau alors que son portier était aux fraises. Le gardien stéphanois s'employant à nouveau sur une belle tatane du togolais qui mettait en corner, et de nous poser la question "Vous marquez quand les gars?".
A la 82è, il prenait à Bessat l'envie de tenter une percée sur le flanc gauche, son centre-missile à tête pas très chercheuse atterrissait sur l'aile droite où Nicolita combinait bien avec Aristeguieta pour un amour de centre que Gakpé transformait en but (1-3, 82è)
. Ruffier était enfin défait et ce fut dur à faire. Dès lors, la Tribune Loire exultait comme pour célébrer ce but… ou la fin de saison, ou les deux. Car le score ne bougerait plus malgré les efforts de volée de Brandao et de notre togolais volant, Gakpé.
Au coup de sifflet final, n'en pouvant plus, les joueurs déployaient sur la pelouse une chouette bannière où on pouvait lire "Merci pour votre soutien". "C'est très gentil mais il ne fallait pas. C'est normal, vous en auriez fait autant". C'était la fête en tribune. C'était plutôt sympa sur la pelouse. C'était plutôt la gueule chez Djordjevic, mais c'est une autre histoire.
La Tribune Loire demanda Bedoya à la tribune et au mégaphone. L'américain n'a certes pas l'éloquence d'un Martin Luther King ou d'un JFK mais son "I believe that we will win" aura au moins le mérite de nous rappeler à la langue de Michael Jordan, qui l'avait souvent sortie, vous en souvenez vous? Mais je vous parle d'un temps que les U2.0 (les moins de 20 ans) ne peuvent pas connaitre.
Ce n'est pas Valenciennes tous les jours… mais portez vous bien.